Prévenir les intoxications au monoxyde de carbone en hiver : causes, détection et prise en charge

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À l’arrivée de l’hiver, des mesures de sécurité sont préconisées. Avec les températures qui baissent, chauffer sa maison et cuisiner de bons petits plats au four peut s’avérer dangereux pour ses poumons : le monoxyde de carbone en est la raison. Chaque année, ce gaz toxique est responsable d’une centaine de décès en France. Qu’est-ce qu’une intoxication au CO ? Comment la détecter, y remédier, et s’en protéger pour préserver sa santé ? Nos conseillers M comme Mutuelle vous éclairent sur le sujet pour passer un hiver sans danger dans votre douce chaumière.
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Qu’est-ce qu’une intoxication au monoxyde de carbone ?

Découvrons comment se libère le CO (monoxyde de carbone) dans la maison, pourquoi il représente un risque domestique et quels sont les dangers pour la santé des occupants.

 

D’où vient le monoxyde de carbone (CO) ?

Le monoxyde de carbone est un gaz incolore et inodore libéré par la combustion incomplète d’hydrocarbures. En d’autres mots, le CO apparaît lorsque les combustibles (bois, butane, charbon, essence, fuel, gaz naturel, pétrole, propane) ne sont pas entièrement brûlés.

Le CO se forme donc à partir des sources de chaleur et des appareils de cuisson que nous utilisons notamment plus en hiver, et surtout en milieux fermés, comme les chauffages et les fours. En cette période, la vigilance est donc de mise !

 

La différence entre CO et CO2 – mono et dioxyde de carbone

Bien que ces deux molécules soient des composés carbonés, leur comportement diffère radicalement. Le monoxyde de carbone (CO) se lie fortement à l’hémoglobine en empêchant cette protéine d’acheminer l’oxygène au sein de notre organisme. Voilà pourquoi le CO devient rapidement létal.

Le dioxyde de carbone (CO2) est, quant à lui, produit par le corps humain lorsque nous expirons et reste beaucoup moins toxique. Il est naturellement présent dans l’air et ce n’est qu’en cas de teneur extrêmement élevée que le risque apparaît. Le CO2 ne provoque pas d’intoxication mais réchauffe l’atmosphère comme nous le savons…

Note importante : ce n’est pas un secret, la qualité de l’air intérieur agit sur notre santé – tant vis-à-vis du CO que du CO2 – d’où l’importance de mesurer la concentration dans une pièce (maison, local, salle de réunion/classe, bureaux, etc.) à l’aide d’un détecteur.

 

Intoxication au monoxyde de carbone : les causes domestiques possibles

Chaque année, environ 1 300 épisodes d’intoxication au monoxyde de carbone sont survenus par accident, impliquant près de 3 000 personnes : comment surviennent-ils ?

 

Les principales sources de monoxyde de carbone en hiver

La vétusté, un défaut d’entretien, une mauvaise évacuation, l’absence de ventilation ou encore un usage inapproprié des appareils peuvent engendrer une intoxication au CO. On retient notamment que les appareils de combustion à risque sont :

  • les chauffages au gaz
  • les radiateurs utilisant le kérosène
  • les chauffages mobiles d’appoint
  • les appareils “de fortune” type brasero
  • les fours, les anciennes cuisinières
  • les chauffe-eau
  • les convecteurs au bois ou au charbon
  • les inserts de cheminées, les poêles

 

Les autres sources de monoxyde de carbone dans la maison et lieux communs

Pourtant à usage extérieur, certains équipements peuvent aussi être dangereux si leur usage est inapproprié et leur entretien négligé. On note par exemple :

  • les voitures mal ventilées (filtre habitacle, filtre moteur, etc.)
  • les moteurs automobiles dans les garages (qui ne doivent jamais être laissés en marche dans un espace fermé)
  • les groupes électrogènes marchant à l’essence ou au fioul et tout autre moteur thermique fixe ou mobile

Nota bene : les incendies domestiques sont également responsables des intoxications au monoxyde de carbone.

 

Monoxyde de carbone : normes de sécurité et réglementations

Le taux de CO est donné en PPM (particule par million). Il faut que ce chiffre soit inférieur ou égal à 50 PPM ou 55 mg/m3. Pour le mesurer, n’hésitez pas à investir dans des détecteurs placés pour chacune des pièces équipées d’une source de chaleur.

Remarque : contrairement aux détecteurs avertisseurs autonomes de fumée (DAAF), obligatoires depuis le 8 mars 2015, les détecteurs avertisseurs autonomes de CO (DAACO) ne sont, ni obligatoires, ni soumis à la réglementation des produits de construction.

Il est primordial de s’assurer que les sources de combustion à l’intérieur des habitations soient correctement installées et ventilées vers l’extérieur. Les tuyaux d’évacuation doivent aussi être inspectés régulièrement pour repérer d’éventuelles fuites.

Enfin, veillez à toujours consulter les étiquettes des produits et appareils de combustion concernés et mentionnant les risques liés.

 

Comment détecter, prendre en charge, et prévenir une intoxication au CO ?

Invisible, inodore et non irritant, le monoxyde de carbone est indétectable et pourtant, des gestes simples contribuent à réduire les risques d’intoxication.

 

Les symptômes d’intoxication au monoxyde de carbone

Selon Santé Publique France, une exposition au CO peut provoquer deux types d’intoxication et engendrant plusieurs signes cliniques tels que :

  • l’intoxication aiguë : qui se manifeste par des vertiges, une perte de connaissance, une impotence musculaire, voire un coma et le décès.
  • l’intoxication chronique : qui entraîne des maux de tête, des troubles de la vision, des nausées, une confusion mentale (mémoire, attention), douleurs thoraciques, abdominales, musculaires.

 

Les conséquences d’une intoxication au CO sur la santé

À long terme, les effets d’une intoxication au monoxyde de carbone laissent des séquelles et certaines peuvent même apparaître plusieurs semaines après l’exposition. En cas de troubles et de maux, nous vous recommandons de consulter l’avis d’un professionnel de santé.

Elles peuvent être neurologiques (migraines chroniques, troubles de la coordination motrice, paralysies de toutes formes, etc.) mais aussi engendrer, à la longue, des troubles cardiaques et/ou respiratoires.

Enfin, trois situations cliniques particulières méritent d’être notées : la femme enceinte (un risque élevé pour le fœtus), l’enfant en bas âge (un comportement atypique, des cris) et les personnes âgées (les signes non spécifiques peuvent être attribués, à tort, aux années écoulées).

 

Note importante : ce type d’intoxication est actuellement suspecté de perturber le développement cérébral des enfants et notamment leur fonctionnement intellectuel.

 

CO : procédures d’urgence et premiers secours en cas de suspicion

Si un des symptômes évoqués précédemment survient, ou en cas de doute, il faut réagir rapidement avant de perdre connaissance :

  1. Aérez immédiatement le logement en ouvrant toutes les portes et les fenêtres
  2. Coupez l’alimentation en combustible de l’appareil en cause
  3. Évacuez l’habitation au plus vite et appelez les urgences
  4. Ne réintégrez pas les lieux avant l’aval d’un professionnel ou des sapeurs-pompiers

Les personnes intoxiquées sont alors transportées à l’hôpital et mises sous oxygénation pour accélérer l’élimination du monoxyde de carbone. Pour les cas les plus graves, une séance de 1h30 en caisson hyperbare est effectuée.

Nota Bene : en cas de besoin, vous pouvez également appeler un centre antipoison (un service gratuit et disponible 24h/24 – 7 jours/7).

 

Comment prévenir les intoxications au monoxyde de carbone ?

En plus d’installer des détecteurs de monoxyde de carbone, voici les conseils pour éviter les risques d’intoxication et garantir une utilisation sécuritaire des appareils à combustion :

  • Aérez votre logement au minimum 10 minutes par jour (même s’il fait froid !)
  • Faites vérifier vos installations par un professionnel qualifié (chaudières, chauffe-eau, cheminées, inserts, poêles)
  • Effectuez un ramonage de vos conduits et cheminées au moins une fois par an par un professionnel
  • Ne bouchez jamais les arrivées et sorties d’air
  • Respectez les consignes d’utilisation des appareils à combustion
  • N’utilisez jamais pour vous chauffer des appareils non destinés à cet usage : cuisinière, barbecue, brasero, etc.
  • N’utilisez pas les chauffages d’appoint en continu (ces appareils ne doivent fonctionner que par intermittence)

Note importante : veillez à toujours installer les groupes électrogènes à l’extérieur des bâtiments et jamais dans des lieux clos (ils ne doivent jamais être utilisés à l’intérieur).

 

L’intoxication au monoxyde de carbone est l’accident domestique parmi les plus fréquents pour les ménages français. Elle est extrêmement dangereuse et peut même être mortelle. La qualité de l’air, en été comme en hiver, est essentielle à notre santé alors tâchons de la préserver, d’en être alertés et de continuer à bien respirer ! Notre service prévention est là pour vous informer.