Les nouveaux traitements contre le cancer du sein : avancées, avantages et prévention

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Le cancer du sein est la tumeur maligne la plus fréquente chez les femmes. Il en existe différents types et sous-catégories, d’où l’intérêt de la recherche en médecine oncologique pour trouver des solutions thérapeutiques adaptées à discuter pour chaque patiente. En parallèle, le dépistage organisé du cancer du sein permet de prendre en charge précocement la maladie et ainsi améliorer le pronostic des patientes grâce à la mise en place d’une surveillance médicale.
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Comprendre le cancer du sein

Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent. Il se décline en plusieurs types.

 

D’après les données épidémiologiques de Santé Publique France, en 2023, plus de 61 000 nouveaux cas ont été signalés. Les cellules mammaires évoluent de manière anarchique, jusqu’à former une masse appelée tumeur. Les cellules deviennent cancéreuses : soit elles restent localisées au niveau du sein, soit elles se propagent ailleurs dans l’organisme, formant alors des métastases.

Il existe plusieurs types de cancer du sein.

  • Le cancer hormonodépendant

Le cancer hormonodépendant est le plus fréquent des cancers du sein (80% des cas), mais c’est aussi celui qui offre le meilleur pronostic aux patientes. Les œstrogènes et la progestérone jouent un rôle dans le développement des cellules cancéreuses.

  • Le cancer HER2 surexprimé

Sur le chromosome 17 se trouve un gène pouvant favoriser la croissance et la prolifération des cellules cancéreuses, il s’agit du gène HER2. Considéré autrefois comme l’un des cancers les plus agressifs, aussi en raison de sa résistance aux traitements (chimiothérapie et hormonothérapie) et de la capacité du gène à accélérer la progression du cancer, le pronostic aujourd’hui s’est amélioré grâce à la thérapie ciblée.

  • Le cancer du sein triple négatif

Lorsque les cellules cancéreuses n’ont pas de récepteurs aux œstrogènes, ni à la progestérone ni à la protéine HER2, nous parlons de cancer du sein triple négatif. Le plus souvent, c’est un carcinome canalaire infiltrant, c’est-à-dire que les cellules tumorales naissent dans les canaux galactophores, puis se propagent dans les tissus voisins, comme dans les ganglions lymphatiques.

  • Le carcinome in situ

Quant au carcinome in situ, il concerne les lésions précancéreuses diagnostiquées précocement. Le carcinome in situ est le plus souvent localisé au niveau des canaux galactophores.

 

Quels sont les traitements classiques du cancer du sein ?

Les traitements classiques pour traiter le cancer du sein sont efficaces, même s’ils comprennent des effets secondaires transitoires ou tardifs.

 

Selon la localisation des cellules cancéreuses, leur histologie, le type de cancer du sein, son grade, son stade et sa sévérité, plusieurs traitements existent. Le choix de la solution thérapeutique proposée est discuté en amont par une équipe pluridisciplinaire (médecin oncologue, radiothérapeute, chirurgien, médecin traitant, etc.) pour être adaptée à la patiente.

Les traitements peuvent avoir différents objectifs, comme la suppression des tumeurs, la diminution du risque de récidive, le ralentissement du développement des cellules cancéreuses et l’amélioration du confort de vie des patientes.

Les traitements conventionnels sont la chirurgie mammaire, la chimiothérapie, l’hormonothérapie et la radiothérapie.

 

La chirurgie : tumorectomie ou mastectomie

La chirurgie est l’un des traitements les plus fréquents du cancer du sein. L’ablation des tumeurs (tumorectomie) est une chirurgie conservatrice permettant de garder une grande partie du sein. Le chirurgien retire la tumeur et un peu de tissus environnants. La tumorectomie est toujours complétée d’une radiothérapie et parfois d’une hormonothérapie ou de chimiothérapie.

Elle se distingue de la mastectomie, qui est l’ablation chirurgicale du sein en cas de cancer. Après cette chirurgie non conservatrice, une reconstruction mammaire est très souvent proposée à la patiente.

La chirurgie mammaire est presque toujours envisagée ; c’est le traitement de référence. Certains effets secondaires précoces peuvent apparaître, comme la douleur, l’œdème, hématome, la perte de sensibilité, une fatigue et des difficultés d’ordre psychologiques. Parmi les effets secondaires tardifs, citons une rougeur de la cicatrice, une déformation du sein, des troubles fonctionnels ou encore un lymphœdème en cas de curage axillaire. Toutefois, la chirurgie mammaire est un traitement efficace permettant de sauver la vie de nombreuses patientes.

 

La chimiothérapie

La chimiothérapie comprend des médicaments capables de cibler les cellules cancéreuses, même celles non détectées lors de l’examen d’imagerie. La chimiothérapie peut être proposée aux patientes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant. Il s’agit d’une cure de médicaments administrés le plus souvent par perfusion, parfois par voie orale.

Les effets secondaires de la chimiothérapie sont très variables et certains d’entre eux sont fréquents : chute de cheveux, nausées, vomissements, diarrhées, lésions buccales, douleurs musculaires et articulaires, fatigue, altération cardiaque, etc.

 

L’hormonothérapie

L’hormonothérapie consiste à prendre des médicaments capables de stopper l’action stimulante des hormones sur les cellules cancéreuses. L’hormonothérapie est proposée en cas de cancer du sein hormonosensible pour une durée minimum de 5 ans. L’objectif est également de réduire les risques de récidives.

La fatigue, les nausées et vomissements, la prise de poids, la baisse de libido, les douleurs osseuses ou encore les bouffées de chaleur sont les effets secondaires possibles de l’hormonothérapie.

 

La radiothérapie

La radiothérapie consiste à envoyer des rayons à travers la peau pour détruire les cellules cancéreuses du cancer du sein. La radiothérapie est souvent un traitement complémentaire à la chirurgie, notamment en cas de cancer in situ et de cancer infiltrant.

Parmi les effets secondaires de la radiothérapie nous retrouvons l’érythème cutané, la fatigue, un œdème du sein, un lymphœdème ou une raideur de l’épaule.

 

Quels sont les nouveaux traitements du cancer du sein ?

La recherche sur le cancer du sein est en perpétuelle ébullition, étant donné sa place numéro 1 sur le podium des cancers féminins les plus fréquents.

 

Aujourd’hui, des traitements émergents ont fait leurs preuves au vu des résultats des essais cliniques. Il s’agit notamment de la thérapie ciblée avec un nouveau médicament, le trastuzumab deruxtecan. Les résultats, publiés dans le Journal of Medicine, sont prometteurs. Ce médicament permet de limiter la progression de la maladie plus efficacement que le traitement standard (trastuzumab emtansine) et d’augmenter le nombre de patientes en vie.

Le trastuzumab est une molécule permettant de cibler les cellules cancéreuses sur lesquelles s’expriment le gène HER2. Le deruxtecan (chimiothérapie) libère ensuite localement ses molécules pour détruire les cellules tumorales tout en préservant le maximum de tissu sain.

Ce nouveau traitement pourrait être proposé aux femmes atteintes d’un cancer métastatique qui exprime faiblement le gène HER2 voire d’un cancer triple négatif ou hormonosensible.

 

Où en est la recherche sur le cancer du sein ?

De nombreuses avancées thérapeutiques sont au stade de la recherche médicale, dont certaines offrent déjà des résultats prometteurs.

 

Un médicament à l’étude : le ribociclib

D’autres traitements contre le cancer du sein sont à l’étude, comme l’étude NATALEE. Un médicament, le ribociclib, est actuellement étudié pour savoir s’il peut être administré en cas de cancer du sein précoce chez les hommes et chez les femmes. L’essai comprendra 5 000 patients et le traitement sera adjuvant. L’objectif est donc d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de ce traitement complémentaire afin de limiter les risques de récidive locale ou métastatique. D’après les excellents résultats préliminaires, les risques de récidives seraient réduits de 25 %.

 

L’approche immunothérapeuthique

D’autres approches sont en cours, notamment l’immunothérapie. Ici, les chercheurs sont déterminés à mieux comprendre comment les cellules tumorales échappent aux défenses immunitaires de l’organisme. En parallèle, des recherches sont menées pour mieux cibler les cellules immunitaires et les stimuler afin qu’elles se défendent mieux contre la maladie. Concrètement, en cas de cancer, le système immunitaire est naturellement freiné pour éviter les réactions exacerbées pouvant mettre en danger la santé du patient.

L’immunothérapie représente une solution thérapeutique potentielle, visant en l’injection d’anticorps monoclonaux pour renforcer l’action immunitaire et inhiber les freins rencontrés par les cellules de défense de l’organisme. L’immunothérapie est en cours d’évaluation pour les cancers du sein localisés à fort potentiel d’agressivité. L’objectif est d’améliorer le pronostic des patientes. Un autre essai, l’étude PÉLICAN, cible par ailleurs les cancers du sein inflammatoire.

 

Les autres axes de recherche en 2023

L’heure est également à la désescalade thérapeutique. En d’autres termes, la science cherche à réduire les traitements administrés aux patientes atteintes d’un cancer du sein. La radiothérapie préopératoire en est un exemple, permettant d’éviter 5 à 6 semaines de radiothérapie après une chirurgie conservatrice. L’objectif est de diminuer les effets secondaires tout en optimisant l’efficacité du traitement.

Les solutions thérapeutiques émergentes font l’objet de nombreuses discussions entre les professionnels de l’équipe médicale et la patiente, compte tenu des coûts potentiellement élevés des traitements, mais aussi des éventuels effets secondaires jusqu’alors méconnus. Par ailleurs, chaque thérapie est personnalisée et autant que faire se peut, parfaitement adaptée à chaque patiente selon des critères de choix très précis.

 

Prévention et dépistage précoce du cancer du sein

En France, nous avons la chance de pouvoir bénéficier d’un dépistage du cancer du sein grâce à la mammographie.

 

Le dépistage organisé du cancer du sein, mis en place depuis 2004, permet aux femmes âgées entre 50 et 74 ans d’accéder à une prise en charge précoce grâce à un examen de dépistage : la mammographie. Le dépistage ne permet pas d’éviter le cancer du sein, mais de l’identifier au plus tôt. Et plus vite est mis en place le traitement, plus les chances de guérison sont élevées.

D’après Santé Publique France, 50,3 % des femmes ont été dépistées dans le cadre du programme de dépistage organisé. La mammographie est à réaliser tous les 2 ans chez les femmes de 50 à 74 ans ne présentant ni symptômes, ni facteurs de risque particulier.