Eau potable : en bouteille ou du robinet, quel choix pour notre santé ?

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L’eau en bouteille et l’eau du robinet semblent toujours être au cœur d’un débat contradictoire : il faut consommer l’une ou l’autre. Les eaux conditionnées ou l’eau qui sort de nos tuyaux de ville présentent autant d’avantages que d’inconvénients. Souvent, elles sont choisies en fonction des convictions personnelles, plus rarement, pour des raisons de santé. C’est pour vous aider à choisir, ou pas, que M comme Mutuelle se pense sur la question de l’eau potable.
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Les avantages et inconvénients de l’eau en bouteille

L’eau en bouteille est présentée commercialement comme « gorgée de bienfaits ». Cependant elle présente des avantages et des inconvénients, notamment sur le plan sanitaire et environnemental.

 

Les avantages de l’eau en bouteille

  • L’eau embouteillée provient, la majeure partie du temps, des nappes phréatiques ou des sources montagneuses. Le goût de l’eau en bouteille varie d’un distributeur à l’autre : mais une chose paraît claire pour tous, elle semble plus pure. Les responsables du goût de l’eau en bouteille sont les taux de sels minéraux et d’oligo-éléments, qui sont judicieusement calibrés selon les marques.
  • L’eau en bouteille paraît également plus sûre sur le plan sanitaire que l’eau du robinet : les marques se disent garantes de la qualité de leur eau minérale pour la santé. Les propriétés minérales de l’eau en bouteille sont stables et constantes.
  • Par ailleurs, grâce aux contrôles réguliers, l’eau en bouteille est presque totalement dépourvue de traces de pesticides, de bactéries et de rejets polluants.
  • L’autre avantage de l’eau en bouteille est la possibilité de changer de distributeur, de marque régulièrement. La variété permet à notre organisme de puiser dans chaque eau les éléments dont il a besoin.
  • Enfin, certains experts, comme ceux de l’Académie nationale de médecins, confèrent à certaines eaux minérales des vertus thérapeutiques authentiques, en complément d’une bonne alimentation.

 

Les inconvénients de l’eau en bouteille

  • Citons comme premier inconvénient de l’eau en bouteille son coût, significativement plus élevé que l’eau du robinet. D’après Veolia, l’eau du robinet coûte en moyenne 0,3 centimes d’euro le litre tandis que l’eau en bouteille coûte environ 30 centimes d’euro le litre. A l’année, l’eau en bouteille coûterait en moyenne 240 € par personne.
  • Le deuxième inconvénient principal de l’eau en bouteille est son impact environnemental. D’abord, l’emballage plastique de l’eau en bouteille pollue doublement l’environnement : lors de la fabrication du plastique puis lorsque la bouteille est jetée (il faut minimum 100 ans pour que le plastique se décompose). D’autre part, la bouteille en plastique génère de la pollution lors de son acheminement vers les distributeurs via le transport en camion (production de gaz à effet de serre).
  • Enfin, le troisième inconvénient, et pas des moindre, est la présence de microplastiques dans 78 % des eaux les plus vendues (ne citons que les plus connues : Badoit, Carrefour, Cristalline, Evian, Perrier, Vittel et Vittel kids). C’est d’ailleurs la bouteille destinée aux enfants qui contient le plus de microparticules, d’après l’enquête de l’Association Agir pour l’environnement de juillet 2022. Une polémique qui fait couler beaucoup d’encre, et donne un nouvel élan aux bouteilles en verre, et à la consigne.

Les avantages et inconvénients de l’eau du robinet

L’eau du robinet a un impact environnemental nul. Elle est soumise à des contrôles sanitaires strictes. La carafe filtrante, sensée améliorer sa qualité, n’est pas systématiquement garante de la sécurité de l’eau.

 

Les arguments en faveur de l’eau du robinet

  • L’eau du robinet, tout comme l’eau en bouteille est d’origine souterraine. En revanche, elle n’a besoin ni de transport supplémentaire (hors acheminement par tuyaux), ni d’emballage, ce qui réduit considérablement son coût.
  • Elle est donc aussi la meilleure solution écologique.
  • On pourrait parfois lui reprocher sa teneur en calcaire (dureté). Toutefois, dissout dans l’eau, le calcaire se transforme en calcium, un minéral indispensable à la croissance et à la solidification du squelette. En dehors du goût qui peut gêner, le calcaire n’est donc nullement nocif pour notre santé, au contraire.
  • L’eau du robinet est enfin soumise à des contrôles extrêmement rigoureux et réguliers, comme l’eau en bouteille, afin de garantir la sécurité sanitaire de ce liquide vital.

 

Les critiques adressées à l’eau du robinet

  • Certains reprochent à l’eau du robinet un goût de chlore. En effet, l’eau du robinet subit de nombreux traitements pour devenir potable. L’un des derniers traitements avant son arrivée au robinet est en effet réalisé à base de micro-doses de chlore pour la désinfecter. Bien sûr, le pourcentage de chlore utilisé ne dépasse jamais le taux de risque pour notre santé. Un goût, mais rien d’autre !
  • Dans certaines régions de France (zones rurales ou agricoles), l’eau du robinet peut par ailleurs contenir des traces de pesticide, en faible quantité. C’est pourquoi il arrive que l’eau de bouteille soit préférable chez les femmes enceintes ou les nourrissons, plus sensibles à cette donnée.

 

Et la carafe filtrante ?

En 2017, l’Anses publie un rapport dénonçant la libération de substances indésirables (sodium, potassium, ammonium, ions argent) dans l’eau filtrée par les carafes dites « filtrantes ». Même si les risques pour la santé des consommateurs ne sont pas mis en évidence, l’efficacité réelle des carafes n’est pas non plus prouvée. Par ailleurs, la carafe filtrante dégraderait la qualité de l’eau du robinet par des contaminations microbiologiques (bactéries).

De plus en plus, des solutions parallèles sont testées comme la barre de charbon à placer dans une carafe saine non filtrante.

 

La sécurité et la qualité de l’eau potable

La sécurité et la qualité de l’eau potable sont régies par des articles de loi auxquels il n’est pas possible de déroger.

Les normes sanitaires applicables à l’eau en bouteille et à l’eau du robinet

Au sein du ministère de la Santé, ce sont les Agences Régionales de Santé (ARS) qui contrôlent la qualité de l’eau en France, conformément aux articles R. 1321-15 et R. 1322-40 du code de la santé publique. Le contrôle sanitaire débute lors du captage de l’eau (à la source) jusqu’à son conditionnement. Tous les types d’eaux conditionnées (eau minérale, eau de source et eaux rendues potables par traitement) sont soumis à des exigences sanitaires et de qualité microbiologique très strictes, similaires à celles de l’eau de robinet.

La qualité chimique de l’eau ainsi que le taux de contaminants présents sont évalués par des contrôles à chaque étape (dureté de l’eau, pH, présence de chlore, etc.). Par exemple, le taux de nitrates doit être inférieur à 50 mg/L (milligrammes par litre), le taux d’arsenic à moins de 10 μg/l, les perchlorates à moins de 4 µg/L et le chlore à 0,2 mg/L maximum.

 

Les tests de qualité et de sécurité disponibles pour l’eau en bouteille et l’eau du robinet

Un programme d’analyses est mis en place par les ARS, dont les résultats de chaque commune sont disponibles sur le site santé gouv du ministère de la Santé. Plus de 70 paramètres sanitaires sont contrôlés par les ARS ou par un laboratoire agréé. Parmi les paramètres vérifiés, citons :

  • Les paramètres microbiologiques : présence de micro-organismes potentiellement pathogènes, comme les bactéries, les parasites et les virus ;
  • Les critères physico-chimiques : la concentration en minéraux (chlore, mercure, nitrates, aluminium, etc.), la dureté de l’eau, son pH et la présence de pesticides ;
  • Les paramètres de confort : transparence, odeur, goût ;
  • La présence de substances indésirables et toxiques, comme le plomb, le cuivre, l’arsenic, les cyanures, etc.

 

Les choix individuels et collectifs en matière d’eau potable

Boire l’eau du robinet ou en bouteille reste un choix personnel.

 

Les habitudes de consommation et les préférences des consommateurs

D’après le site Statista, la plupart des Français combine l’eau du robinet et l’eau de bouteille au quotidien. Plus de la moitié d’entre eux ont indiqué lors de l’enquête en 2020 qu’ils buvaient de l’eau du robinet et de l’eau en bouteille “tous les jours ou presque”. Depuis 2005, la part de Français consommant de l’eau de bouteille a diminué. Alors que celle qui consomme l’eau du robinet a augmenté. Ces fluctuations restent néanmoins légères.

 

Les politiques publiques et les initiatives citoyennes visant à promouvoir l’eau du robinet ou à réduire l’utilisation de l’eau en bouteille

Le Parlement européen a mis en place une surveillance des niveaux de microplastiques. Il soutient des projets ayant pour objectif l’amélioration de la qualité de l’eau du robinet. La législation a introduit de nouveaux plafonds à ne pas dépasser concernant certains polluants, bactéries et perturbateurs endocriniens.

Par ailleurs, pour la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies (FNCCR), “boire l’eau du robinet est un engagement citoyen et durable à encourager.” Cette association nationale des services publics en réseaux prône en faveur de la gratuité de l’eau de robinet dans les établissements tels que les restaurants. Sur son site, la FNCCR énonce et encourage toutes les initiatives citoyennes promouvant l’eau du robinet, comme l’accès en eau du robinet en libre-service chez des commerçants parisiens, la création du Label Terre des Sources par Eau du Bassin Rennais ou la promotion d’une eau municipale en la ville de Besançon.

Certains choisiront une eau minérale conseillée par leur médecin, d’autres l’eau du robinet pour respecter leurs convictions écologiques et “consommer responsable”. Le choix de consommer de l’eau en bouteille ou de préférer l’eau du réseau public est personnel. Chacun a des arguments recevables. Qu’elle que soit l’eau choisie, du robinet ou en bouteille, nous avons la chance en France que la qualité et la sécurité sanitaire soient garanties.